Sport et Handicap




Le sport et moi :

Comme vous avez déjà pu le lire dans mon feed instagram sous quelques posts. Je suis née avec une hémiplégie * latérale droite qui se traduit surtout par un pied équin. On l’a découverte suite à un banal rendez-vous médical pendant des vacances. Le médecin qui me soignait pour une simple angine a trouvé que j’avais une raideur au niveau de la cheville droite. Il a donc demandé à mes parents de me faire passer des examens approfondis en rentrant de vacances. Je devais avoir 17 mois. Suite à cette découverte, j’ai dû faire de la rééducation et surtout j’ai eu des attelles de rééducation la nuit pendant 8 ans. Au niveau du sport, à l’école, c’était nul et humiliant car j’ai toujours été choisie la dernière par mes camarades, mais j’aimais le sport donc à l’extérieur, je faisais de la natation, de la danse et j’ai aussi fait du badminton. J’ai fait de la kiné jusqu’à mes 16 ans et j’ai demandé au corps médical si je pouvais stopper car oui c’est chiant de devoir aller chez le kiné toutes les semaines, même en vacances. À cette époque, mon hémiplégie n’évoluait pas, donc ils ont dit oui ! De mes 16 à 20 ans, pas de soucis particuliers, sauf à 18 ans, une phlébite profonde du membre inférieur gauche inexpliquée à l’époque, ou devrais-je dire une belle négligence médicale…

Vers 20 ans, j’ai commencé à avoir de grosses douleurs à la cheville et je me faisais des micro entorses quasi quotidiennement . Ma prise de poids à l’époque n’a pas aidé non plus car depuis ma phlébite à 18 ans, je ne faisais plus de sport, et combiné à la malbouffe de la vie étudiante, c’était une mauvaise accumulation ! En février 2010, je décide de perdre du poids, résultat – 40 kilos en 10 mois. Mais, j’ai toujours mal, comme des coups de poignard dans la cheville après avoir marché. Je vois cette année-là un chirurgien orthopédique, pour un bilan annuel, je lui explique mon problème, il me parle alors d’une opération : l’allongement du Tendon d’Achille. Je me fais opérer le 10 janvier 2011, si je me souviens bien. L’opération se passe très bien sauf que, j’ai dit que j’avais une hémiplégie de tout le côté droit (muscles atrophiés dans le bras droit, même si c’est peu visible) et là je me suis retrouvée avec des béquilles pendant des mois et je suis restée bloquée chez moi 34 jours après l’opération, puisque physiquement je n’avais clairement pas la force de descendre trois étages sans ascenseur. En rentrant de cette opération, je suis montée sur les fesses à la force des bras et idem pour aller me faire retirer mon plâtre. Après ça, j’ai eu le droit à la botte type chaussure de ski pendant 3 semaines. Puis, j’ai eu enfin droit aux baskets Air Max car, il fallait un coussin d’air pour amortir, c’était parti pour 3 mois avec des baskets aux pieds et béquilles pour réapprendre à marcher. J’ai pu reprendre le sport, deux mois et demi après l’opération, je faisais principalement du vélo d’appartement, des abdos de Gasquet et musculation avec des petites haltères.

Opérée en janvier, j’ai pu marcher sans béquilles 6 mois après et en aôut de cette même année, j’ai à nouveau réussi à descendre un escalier normalement car il faut savoir que le cerveau peut oublier comment faire ça. J’étais comme une enfant de 1 an et demi, qui devait réapprendre les bases de la marche. Jusqu’en 2014, tout va bien. je continue à faire du sport, toujours le même d’ailleurs (vélo, abdos, et haltères) car cela me plaît.

Été 2014, je me fais une énorme entorse à 50 m de chez moi, gros nid de poule, que je n’ai pas vu. Je vois un médecin qui décide que seul une attelle suffit, pas de béquilles! Je revois un médecin du sport 1 mois après car la douleur est insupportable dés que je retire mon attelle pour dormir. Elle me confirme l’incompétence de son confrère, les béquilles auraient dû m’être prescrites. C’est parti pour 3 bons mois de kiné. Les mois passent, j’ai repris le sport, mais fin 2015, grosse douleur dans la jambe gauche mais pas non plus invivable, je pense à une cruralgie et les médecins aussi. Juste après Noël, la douleur, s’intensifie, j’appelle SOS médecin, on me prescrit un rdv neurologue pour un examen complèmentaire, car ma douleur ne s’explique pas. J’ai rendez-vous, le 15 janvier. Pendant l’auscultation, on découvre une veine très gonflée à l’arrière du genou gauche, inquiet, il me prescrit un écho-doppler en urgence. Je sors du cabinet médical, je rejoins mon père qui m’attendait dans la voiture, je lui dis, je suis sûre, je suis en train de faire une deuxième phlébite! Bingo, mon auto-diagnostic est validé par le cardiologue que je vois dans l’après-midi. Celui-ci me parle du Syndrome de Cockett*. Je me replonge dans mon premier dossier de phlébite, il est écrit qu’ il n’y a pas de Syndrome de Cockett, après examen. Sauf que j’apprends en 2016, qu’il n’y a qu’un seul examen valable pour détecter ce problème, un phléboscanner. Je reprends le sport en février, lors d’un examen de contrôle fin avril, mes résultats surprennent mon cardiologue. Le sport m’a aidée à récupérer (mon circuit veineux va mieux). En octobre de cette même année, je passe le phléboscanner, Syndrome de Cockett trouvé. Donc on m’expose 2 solutions, pose d’un stent, mais de gros risques en cas de stent qui se bouche ou anticoagulants à vie. J’ai choisi la deuxième option car avec mon hémiplégie à droite, je ne veux pas prendre le risque d’avoir un gros souci sur ma jambe gauche. Aujourd’hui cela fait 3 ans, je vais bien, j’ai reperdu 25 kg des 30 kilos repris durant cette période, je continue le sport chez moi et je fais ma propre rééducation car la méthode des kinés a évolué et à mon grand regret, ils sont portés sur l’exercice physique pendant les séances, type vélo alors que je fais déjà 7 heures de vélo chez moi.
Je comprends qu’il faille mobiliser le corps mais je le fais déjà seule! Donc, j’ai pris l’habitude quand j’ai la sensation d’avoir la cheville bloquée dans un étau de l’assouplir en pratiquant l’auto massage et vive le baume du tigre quand les douleurs sont très fortes!

Je sais aussi que j’ai beaucoup de chance, car on ne voit pas mes problèmes sur mon visage! J’ai vu des cas d’hémiplégies plus graves. Par contre, je n’ai pas eu de bol du tout avec mon Syndrome de Cockett, d’après les médecins on est environ 200 en France! Je n’ai pas fait cet article pour me plaindre de ma situation, je voulais l’expliquer. Et je voulais surtout dire qu’en fonction du handicap que l’on a, on peut faire du sport, il suffit de l’adapter à soi et dans mon cas le sport m’aide tous les jours. Je me défis, fais mieux que la veille, c’est ce qui me pousse, me motive et m’aide à vivre et accepter mes soucis de santé !

Merci à ceux qui auront lu l’article en entier ! Et si vous avez des questions, n’hésitez pas !

Déf : Une hémiplégie est une paralysie d’une ou plusieurs parties du corps d’un seul côté (touchant un hémicorps). Elle peut être totale, et dans ce cas, le membre supérieur, le membre inférieur, le tronc et la moitié de la face sont touchés.

Déf : Syndrome de Cockett : La compression de la veine iliaque gauche par l’artère iliaque droite est décrite pour la première fois en 1908 par McMurrich, puis définie anatomiquement par May et Thurner en 1956. Ce n’est pourtant qu’en 1967 que Thomas et Cockett circonscriront la clinique qui y est associée1. Le syndrome de Cockett, est parfois employé comme synonyme du syndrome de May-Thurner, mais certaines sources s’y réfèrent comme l’insuffisance veineuse chronique résultant de la même lésion anatomique, mais en l’absence de thrombose.